Saturday, March 12, 2011
Le mouvement anarchiste en Russie
Par Mikhail Tsovma
jeudi 13 janvier 2011
De la révolution de 1905 et 1917 à nos jours
S’il est vrai que la Russie a donné au mouvement anarchiste internationalde nombreux penseurs intéressants et des organisateurs – Bakounine et Kropotkine à Makhno, Voline et d’autres – le mouvement lui-même n’a pas été en mesure de prendre fermement racine dans le pays, qui dans les derniers siècles a été soumis à un régime, parfois autoritaires et totalitaires. D’importantes périodes d’exception ont été les révolutions de 1905-07 et 1917-21, quand les anarchistes connurent un certain soutien et le mouvement vécurent des moments florissants. Ces moments, toutefois, étaient assez courts et après la liquidation des anarchistes dans les années vingt, par les bolcheviks, pendant des décennies, le mouvement n’était plus présent dans le pays - tous les anarchistes ont été tués, emprisonnés, forcés à la clandestinité ou à quitter la Russie. Nous devons comprendre que la situation du mouvement anarchiste en Russie et en ex-Union soviétique est très différente de celle des autres pays européens (alors que nous pouvons la comparer à celle de la Chine après Mao). Les derniers vestiges du mouvement en URSS avait été physiquement supprimés dans les années trente. Dans les années soixante qui ont suivi, chaque percée anarchiste dans le pays fut réduite au silence par la violence. Alors que dans les pays comme la Bulgarie, les anarchistes qui avaient émigré après la Seconde Guerre mondiale pouvaient voir la renaissance du mouvement dans la fin des années, en Russie, dans les faits, aucun anarchiste n’avait survécu si longtemps. À la chute de l’URSS, il restait probablement que quatre anciens anarchistes, qui étaient jeunes dans la vingtaine quand les derniers groupes ont été emprisonnés et sont maintenant très vieux et en mauvaise santé (merci au goulag). en 1989-90, lors de la ré-émergence du mouvement . Pour celui-ci, en substance, il n’y avait aucune tradition vivante de l’anarchie quand il est reparti de zéro, vingt-cinq ans auparavant.
Orientations différentes
C’est seulement après la Perestroïka, que les dissidents et des initiatives sociales indépendantes ripostèrent ouvertement. Le mouvement anarchiste n’a pas fait exception, en effet, les anarchistes étaient l’opposition la plus active dans la période 1988-1992. Depuis le début des années quatre-vingt, il y avait quelques petits groupes clandestins qui deviendront plus tard le noyau du mouvement résurgent. Un de ces groupes et probablement le plus influent, l’Obschina (la Communauté), était basé à Moscou, au cours de la période de la Perestroïka et publiait un samizdat influents ayant le même nom. Auparavant, il a été un groupe clandestin marxiste (gardez à l’esprit que dans un état orwellien qu’est l’Union Soviétique, l’influence de l’idéologie officielle était énorme, tandis que d’autres opinions et idées ont été sévèrement censurée), puis depuis 1987, est présenté comme un groupe « socialiste indépendant ». Cette différence majeure est principalement attribuable à la connaissance des critiques bakouniniste du socialisme d’état, ainsi que d’autres tendances socialistes et anarchistes. L’Obschina faisait partie du mouvement montant « informel », un adjectif qualifiant des activités non contrôlées par le Parti communiste - des groupes de défense contre la destruction des monuments historiques jusqu’aux environnementalistes et les organisations politiques émergentes. Avec l’avènement de la Glasnost et de la Perestroïka, le contrôle idéologique a été un peu relâché et a ouvert un espace pour certaines activités publiques au grand jour. En 1989, des groupes qui soutenaient les principes d’autogestion, ont formé une confédération anarcho-syndicaliste (KAS). En 1989-90, la presse anarchiste en Russie est arrivé à l’occasion à des tirages de 10.000 à 30.000 exemplaires. Pour un temps, la KAS a fonctionné comme l’organisation des divers groupes anarchistes, pas nécessairement les anarcho-syndicalistes. Plus tard en 1990-91, sont nés d’autres réseaux et associations.
Anarchistes aujourd’hui : quelques-uns, mais ...
Après l’échec de la tentative de coup d’état des derniers bureaucrates communistes en août 1991, l’Union Soviétique a cessé d’exister et les nouveaux États ont émergé des décombres de celle-ci. Les réformes libérales – la privatisation, la libéralisation des prix, qui ont également été caractérisé par une forte inflation – a provoqué une « insatisfaction politique » dans la majorité de la population. L’existence dans la nouvelle Russie est maintenant devenu une course pour la survie dans le capitalisme « sauvage ». Cette réalité a également tué les mouvements démocratiques de masse, qui ont depuis commencé à décliner. Dans la dernière décennie du XXe siècle, les anarchistes ont également traversé plusieurs crises. Alors que le mouvement était l’opposition la plus active et la plus déterminée au communisme soviétique et au capitalisme à la fois, depuis 1993-94, il a connu une baisse significative. Dans les dernières années du siècle, un petit réseau de groupes, principalement actif dans le domaine de l’environnement et dans les campagnes contre la guerre a résisté. Ce n’est qu’au tournant du siècle qu’il y a eu une légère augmentation du nombre, principalement en raison de l’afflux des jeunes venus de la scène punk émergente et indépendante. Mais le problème demeure : très peu de jeunes restent dans le mouvement pour pouvoir donner un apport de maturité, de connaissances et d’expérience. Le renouvellement élevé reste un problème. Le plus grand réseau anarchiste présent aujourd’hui est action autonome, qui sert d’organisation communiste libertaire et est en grande partie composée de jeunes engagés dans les luttes sociales, écologiques et antifasciste. En Russie, sont également présentes diverses organisations anarcho-syndicaliste, de petite taille. En Sibérie, les anarchistes sont au cœur de le Fédération du Travail de Sibérie (SKT), l’organisation syndicaliste révolutionnaire qui remonte seulement au années soixante et est un syndicat minoritaire actif dans diverses régions de la Sibérie. Le Khraniteli Radugi (les Gardiens de l’arc-en-ciel), qui entre les années soixante et le début du nouveau siècle a organisé plusieurs événements pour l’environnement, a été dissous, mais les anarchistes sont toujours actifs dans diverses batailles sur l’environnement local, comme dans la campagne anti-nucléaire. Un nombre considérable d’anarchistes ne font partie d’aucune organisation, d’envergure nationale, mais il sont actifs dans des collectifs et dans les luttes locales. Dans l’ensemble, nous parlons encore de pas plus de quelques milliers de militants au niveau national, ce qui n’est pas un grand nombre. Mais les anarchistes sont souvent une voix forte et indépendante dans les luttes sociales dans le pays. Au cours de la dernière décennie, on a connu une certaine croissance qualitative et quantitative du mouvement et une présence vivace d’anarchistes non seulement à Moscou, à Saint-Pétersbourg et d’autres grandes villes mais aussi dans de nombreux villages dans la province.
Traduit par Nicolas Relations internationales de la Fédération Anarchiste http://federation-anarchiste.org/
Imagen: Edición francesa de La Revolución desconocida, de Volin
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