por Michel, 2 de mayo 2014
Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous pensez à « massai » ?
Pour ce tour du monde, quatre écoles en Belgique nous suivent et l’un des enfants nous a demandé si nous allions voir des massaï. J’étais content que l’un de nos partenaires répondent à l’attente des enfants (et on doit bien avouer qu’on était emballé par l’idée de rencontrer des massaï). D’autant plus qu’on avait vu l’émission « en terre inconnue » en terre massaï au lake natron la veille de notre tour du monde. Wouaw, on en a plein les yeux : un village au milieu de nulle part, reculé de tout, une vie à la dure. Bon, nous avons étudié en journalisme et communication et nous avons quand même remarqué qu’il y avait des plans pris avec des grues et/ou des hélicoptères. C’était une grosse production avec l’impression que les deux comparses étaient seuls dans le village était un peu illusoire.
En fait, des massaï, il y en a plein, partout : nous avons voyagé avec l’un d’entre eux de Nairobi jusqu’à une zone avec plein de peintures de la « wildlife », proche de la frontière. Nous étions tout excité, il y en avait plein proche de la frontière, nous étions en terre massaï !
Enfin, ils ne le sont pas tous : en parlant avec une personne qui portait un tissu massaï et qui tentait de m’amener à sa boutique, je lui ai demandé s’il était massaï et il m’a répondu : « no but I lived with them for a long time », donc il se sentait légitime de porter l’étoffe massaï.
Massaï, une marque qui amène des touristes en recherche d’authenticité illusoire
« Non, pas une photo de lui, il n’est pas en rouge ». Une petite phrase anodine sortie par une agente de voyage lors d’un safari dans le Ngorongoro National Park. Un peu avant, un massaï qui s’approche de la seconde voiture, qui reçoit un billet, puis recule et pose pendant une trentaine de secondes. Pour la photo.
Selon notre âge et nos intérêts, nous avons peut-être vu l’un ou l’autre reportage, tantôt anthropologique, tantôt journalistique ou de divertissement sur la tribu massaï. Nous ne prétendons avoir vu toute la communauté massaï mais de ce que nous en avons vu, Massaï est devenu une marque de fabrique, un prétexte au tourisme de masse, des êtres humains « primitifs », beaux, guerriers prenant soin de leurs vaches et brebis.
Dans plusieurs lodges visités avec les agences de tourisme, nous avons rencontrés des massaï, travaillant souvent à la protection des touristes face aux animaux sauvages qui pourraient être présents dans le lodge pendant la nuit. Nous avons également eu un guide massaï au lac Natron. Deux massaï, fièrement apareillés, ont porté nos sacs à dos jusqu’à la tente. Une demi-heure plus tard, je les ai vu aller et venir dans le campement, habillé d’un t-shirt et d’un short.
Le touriste a forcément beaucoup d’argent
Un peu plus tard, Julie et moi avons décidé de visiter les alentours en allant dans la plaine, avant de retourner vers la route. Nous n’avions pas marché 100 mètres qu’un jeune enfant et sa mère un peu plus loin, arrivaient derrière nous et nous proposaient de les prendre en photo contre de l’argent. En retournant vers la route, des enfants et des mères arrivèrent à grandes enjambés vers nous : ils voulaient nous vendre bracelets et colliers, tous aussi kitch et touristiques les uns que les autres.
Nous n’avions pas d’argent sur nous et surtout, nous n’avions ni besoin ni envie d’acheter quelque chose : nous souhaitions tout simplement nous promener et visiter les alentours. Au bout de 10 minutes à refuser tout, encore et encore, à changer de direction pour avoir un peu de répit, j’ai vu un homme arriver et je suis allé lui parler, lui expliquant qu’on se sentait opressés et que cela ne nous donnerait pas envie d’acheter mais que cela ne donnait pas une bonne impression sur la culture massaï, même si je comprenais que tout le monde avait besoin d’argent. Il a compris et leur a expliqué de nous laisser (du moins, j’imagine ^^). Que cela soit à Mtbo (ville à touristes entre les parcs Manyara et Ngorongoro) ou au lac Natron, les gens ne nous croyaient pas lorsque nous disions que nous étions des « broken mzungus ».
J’étais obligé de montrer le trou dans l’un de mes pantalons, mes chaussures bien usées et les aliments que nous avions achetés pour manger le soir au lieu d’aller au restaurant, pour tenter de prouver que je n’avais pas d’argent pour acheter l’une ou l’autre babiole inutile qu’on voulait nous vendre.
La culture massaï et les changements économiques
Les massaï doivent faire face à pas mal de changements culturels, politiques et économiques :
- certains clans sont déplacés des parcs nationaux car il semble plus profitable au gouvernement d’avoir du tourisme que des massaï, parfois sous prétexte que les massaï tuent les lions alors que le braconnage n’est pas combattu plus que cela et que cela mènera à la disparition future des éléphants et des rhinocéros;
- l’éducation, l’enseignement secondaire et supérieur devient un objectif pour certains, qui doivent dès lors payer les frais (inscription, logement, etc.);
- le prix des hôtels, lodges et camps sont connus des locaux et ils pensent donc que les blancs ont beaucoup d’argent, et ils prennent beaucoup de photos, ils ont des beaux vêtements, des beaux bijoux.
Qu’ils aient quitté le clan pour aller travailler dans les grandes villes, ou qu’ils vivent dans les villages ou à proximité, tous les massaï que nous avons rencontrés savent qu’ils sont une marque déposée, un produit recherché. Ils recherchent à recevoir une contre-partie du tourisme de masse. Lorsque ces enfants sont venus mendier, tenir les mains de Julie pour l’amadouer, tenter de nous vendre l’un ou l’autre objet, je me suis senti très mal à l’aise et loin de l’idéologie que j’avais de la tribu massaï fière de ses traditions. Je me suis senti comme dans les souks de Marrakech ou à Ouarzazate où j’ai voyagé à vélo. Je retrouvais le même sentiment d’opression qui m’obligeait à me fermer alors que je suis venu à la rencontre des gens.
Sans doute car le tourisme de masse a perverti les relations humaines ; les blancs sont souvent perçus comme un porte-monnaie et un blanc qui prétend ne pas avoir d’argent est perçu comme un menteur. J’imagine que les ONG et les Nations Unies, qui louent des appartements hors de prix (ont parle de 6000-8000 dollars…) à Dar-es-Salaam dans des pans entiers de la ville avec que des blancs, cela n’aide pas à avoir une relation humaine dénuée d’argent.
Les vrais massaï n’existent pas ?
Tout n’est pas du chiqué : les massaï sont vraiment des bergers. Dans la vie de tous les jours, nombreux sont ceux qui portent leur apparats typiques, ils sont polygames et ont conservés beaucoup de leurs traditions, notamment pour le mariage, les discussions lors d’un conflit, l’entraide au sein d’un clan ou encore la vie en communauté. Les massaï ont dû s’adapter à l’environnement politique, économique et sociétal ; Julie et moi sommes en recherche d’authenticité mais en tant que mzungus, présent dans une zone touristique pour une courte période, les jeux sont pipés d’avance et nous n’y avons trouvé notre compte que lors de discussions sincères avec notre guide Sabore, qui nous expliqua quelques éléments de la culture de sa tribu.
En conclusion, sachez que si vous souhaitez voir les « vrais massaï », vous en verrez mais tout comme chaque civilisation, ils ont évolué avec leur temps et les réalités sociaux-économiques : certains sont devenus banquiers, d’autres vivent dans des zones touristiques ou reculées, d’autres encore vivent dans les parcs nationaux et tels les acteurs autour du colisée de Rome, ils venderont leur image pour un beau souvenir d’une authenticité relative.
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Del blog DU MONDE AU TOURNANT
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